Lorsqu’AKIRA parait en France en 1990, c’est pour beaucoup de jeunes français dont je faisais partie le premier Manga qui nous est permit de lire. Quel choc ! Ce Seinen (manga pour jeunes hommes) de Science-Fiction est plus mature que n’importe quelle bande dessinée et nous plonge dans son monde post-apocalyptique, en compagnie de bōsōzoku d’un nouveau genre, qui chevauchent des bécanes au design fou…
Un premier contact violent avec le Japon pour moi, et le début d’une passion. Voyons pourquoi AKIRA reste encore aujourd’hui une œuvre majeure dans le monde des Manga.
Bienvenue à Néo-Tokyo
En 1982, Tokyo est ravagé par une explosion nucléaire qui déclenche la 3e guerre mondiale. Le récit du manga débute en 2019 dans Néo-Tokyo, une cité en proie aux luttes entre gangs violents et au terrorisme anti-gouvernementale, dans laquelle Kaneda et Testsuo, amis de longue date et membres du même gang de motard vivent une vie rythmée par la drogue et par la violence. Un soir, Tetsuo est victime d’un accident de moto et enlevé par l’armée japonaise…
C’est le début d’une intrigue passionnante qui s’étend sur plus de 2200 planches. Il existe différentes éditions chez GLENAT, et la plus récente, respectant l’originale, se compose de 6 volumes en noir et blanc.
La trame, sur fond d’expérimentations militaires, d’intrigues politiques et religieuses, se complexifie petit à petit, et on cherche à comprendre comment cela nous mènera au fameux Akira, un enfant doté de pouvoirs psychiques colossaux et considéré par certains comme le sauveur.
Une ambiance Cyber punk aux influences occidentales
C’est dans une ambiance Cyber Punk que se déroule l’action, avec les antihéros typiques de ce genre, que représente bien Kaneda, et dans un futur proche, qui se caractérise par l’architecture de Néo-Tokyo ou les courbes futuristes des motos. Les mouvements anarchistes et rebelles font face à la toute-puissance du gouvernement, dans ce monde post-apocalyptique.
Au niveau du dessin, Ôtomo dit avoir été influencé par Moebius , par certains films hollywoodiens des années 60 et par le cinéma en général. On retrouve ces influences dans Domu (Rêves d’enfant) qui fit connaitre Ôtomo dans le monde du Manga et de la science-fiction.
C’est d’ailleurs cette passion pour le cinéma qui le pousse, suite au succès d’Akira en manga, à en réaliser la version Anime. Le film AKIRA sorti en 1988 reste à ceux jours une des références de l’animation japonaise, porté par une bande son d’exception.
Une métaphore de l’histoire du Japon
Katsuhiro Ôtomo a dit avoir voulu dépeindre le traumatisme subit par les japonais au lendemain de la seconde guerre mondiale, après les bombardements nucléaires. Le personnage d’Akira, ce petit garçon pourrait même faire référence au nom Little Boy dont fut affublée la Bombe A qui toucha Hiroshima le 6 Aout 1945. La violence, le sacrifice, et cette génération désabusée qui subit les conséquences d’actes passées rappellent bien entendu le peuple japonais vaincu, dans une des périodes les plus sombres de son histoire.
C’est surement grâce à cette profondeur tant dans l’histoire que dans la psychologie de chacun des personnages qu’AKIRA a su toucher ses lecteurs et les a marqué à jamais. Tetsuo personnage torturé fascinant, Kaneda, le anti-héro pris dans une aventure trop grande pour lui, Kei, militante clandestine remplit d’idéaux… des noms et des personnages qui resteront à jamais gravés dans la mémoire de ceux qui ont posé les yeux sur ce manga.
Car c’est peu dire qu’AKIRA est une œuvre puissante, magistrale, qui se place parmi les chefs d’œuvres du Manga, et qui s’est fait une place mérité dans la culture populaire nippone, et dans le cœur des otaku du monde entier.
petitgaijinjapon 
2 commentaires sur « Akira, le chef d’œuvre de Science-Fiction de Katsuhiro ÔTOMO »